
Lucia Florence Charlotte De Brouckère (13 juillet 1904- 3 novembre 1982)
Lucia Florence Charlotte De Brouckère (13 juillet 1904- 3 novembre 1982) est une chimiste, militante féministe, socialiste et laïque, franc-maçonne, mais également la première femme à avoir enseigné en Belgique au sein d’une faculté de sciences (U.L.B. 1937). Fille du sénateur socialiste Louis de Brouckère, figure phare du P.O.B., elle passe une partie de sa jeunesse en exil à Londres après la défaite de 1914. En opposition avec la norme de l’époque, son père encourage ouvertement l’éducation des filles et soutient l’envie de cette jeune intellectuelle d’intégrer l’université. Devenue docteure en chimie en 1927, elle gravit progressivement les échelons académiques et scientifiques tout en contribuant largement à la modernisation pédagogique de la faculté.
Lucia De Brouckère est également une femme de convictions. À trente ans, pendant la période trouble des années 30’, elle préside le Comité mondial des Femmes contre la guerre et le fascisme ; par la suite en 1936, elle soutiendra activement le camp des républicains d’Espagne. Lors de la Seconde Guerre mondiale, elle est contrainte une nouvelle fois à l’exil. À partir de Londres, elle participe à l’effort de guerre en effectuant des recherches stratégiques, ainsi qu’en dirigeant la section des industries chimiques du ministère des Affaires économiques du gouvernement belge. Se revendiquant libre exaministe, elle intègre la franc-maçonnerie au cours des années 60’ ainsi que de nombreuses associations militantes laïques : l’Extension de l’U.L.B., le Centre d’Action Laïque, la Famille Heureuse, la Pensée et les Hommes, etc. Au sein de la Ligue de l’enseignement, elle participe en qualité de vice-présidente à de nombreux débats à partir de 1964. Elle contribue notamment à la rédaction avec Arnould Clausse de la charte de l’école pluraliste et s’investit dans la restructuration de l’association en 1975. De son combat féministe, on retiendra avant tout ses prises de position en faveur de l’avortement et de sa contribution à la création du planning familial. Elle participe également à la création en 1969 du Centre d’Action laïque.
Sources:
Defosse P., Dictionnaire historique de la laïcité, Bruxelles, Éditions Luc Pire, 2005, p. 82-83.
Aubenas J., Van Rokeghem S., Vercheval-Vervoort J., Des femmes dans l’histoire en Belgique, depuis 1830, Bruxelles, Éditions Luc Pire, 2006, p. 145.
Gubin E., Jacques Ch., Piette V., Puissant J. (dir.), Dictionnaire des femmes belges :XIXe et XXe siècles, Bruxelles, Éditions Racine, 2006, p. 139-140.
Apotheker J., Simon Sarkadi L. (éd.), European Women in Chemistry, New Jersey, Éditions John Wiley and Sons, 2003.