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1879: La « loi de malheur »

1879: La « loi de malheur »

(janvier 1879)

Le 21 janvier 1879 le gouvernement libéral déposa un projet de loi réformant la loi de 1842 sur l’enseignement primaire. Cette loi prévoyait que chaque commune devrait posséder au moins une école primaire laïque et neutre, qui ne dispenserait pas de cours de religion. En outre, les instituteurs seraient uniquement choisis parmi les diplômés des écoles normales officielles, dont le cours de religion serait également exclu. Enfin, les provinces et les communes ne pourraient plus subsidier des écoles « libres » (c’est-à-dire catholiques).

Le roi Léopold II intervint personnellement pour que les écoles publiques puissent néanmoins accueillir le cours de catéchisme, en dehors des heures de cours, par le prêtre de la paroisse ou par l’instituteur. Cependant, le radicalisme de cette loi rendit réticents certains libéraux, comme Eudore Pirmez, qui refusa de voter l’abrogation de la loi de 1842 et s’abstint lors du vote, ou le prince de Ligne, qui démissionnera de son poste de président du Sénat. Jules Malou, leader des catholiques à la Chambre, qualifia dans un discours la loi de « loi de guerre, de division et de malheur ». La loi, connue sous le nom de « loi Van Humbeek », fut néanmoins adoptée : à la Chambre par soixante-sept voix contre soixante et une abstention (Eudore Pirmez) et au Sénat par trente-trois voix contre trente et une abstention.

Le gouvernement Malou-Woeste-Jacobs issu, en 1884, de la victoire des catholiques aux élections, fit abroger la loi de malheur. Malgré les pressions de Léopold II, qui voulait revenir à la loi de 1842, une nouvelle loi scolaire, connue sous le nom de « loi Jacobs », fut adoptée. Elle stipulait que :

  • chaque commune devait avoir une école, mais ce pouvait être soit une école officielle, soit une école libre « adoptée » ;
  • si vingt pères de famille exigeaient la création d’une école officielle, la commune devait la créer ;
  • les communes pouvaient décider de la dispense de cours de religion ou de morale dans les écoles officielles, mais les parents pouvaient autoriser leurs enfants à ne pas suivre ces cours ;
  • si vingt parents demandaient la création d’un cours de religion, la commune devait le créer ;
  • les écoles officielles pouvaient engager des instituteurs issus des écoles normales catholiques ;
  • aucun subside ne serait accordé aux écoles libres non adoptées (ce qui mécontentait une partie des catholiques).

Les libéraux organisèrent de grandes manifestations à Bruxelles les 10 et 31 août. Charles Buls invita alors les bourgmestres des grandes villes à l’Hôtel de Ville de Bruxelles. Ils allèrent alors tous en voiture jusqu’au palais royal pour remettre au roi une pétition demandant de ne pas sanctionner la nouvelle loi. Le roi refusa fermement.

Les catholiques organisèrent eux aussi une manifestation le 7 septembre. Sur le boulevard Anspach, ils furent attaqués par des groupes de libéraux.

Le 23 octobre, le roi exigea de Jules Malou qu’il réclame la démission de ses ministres les plus extrémistes, Charles Woeste et Victor Jacobs. Devant cette exigence, Malou lui-même démissionna.