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L’éducation permanente en Belgique : origine d’une idée

L’éducation permanente en Belgique : origine d’une idée

(décembre 1955)

L’éducation permanente est un concept vivant qui renvoie à des réalités plurielles. La définition posée par les pouvoirs publics belges n’englobe pas toutes les modalités, particularismes et interprétations du concept ; elle est un horizon où les différentes expressions peuvent éventuellement s’exprimer et sont encadrées. Les multiples interprétations du concept se rejoignent cependant sur certains axiomes clés, mais  la dimension interprétative est grande et les possibilités d’application pratique foisonnantes. Le principe moteur qui transparaît dans tous les textes relatifs à l’éducation permanente est que celle-ci doit permettre aux hommes de se développer culturellement dans une optique d’adaptation aux réalités du temps. Elle sous-tend dans un deuxième temps que cette adaptation doit passer par une information critique qui – à terme – doit permettre aux individus de participer activement à la société. L’éducation permanente peut également se définir d’un point de vue général sous une triple perspective : elle est omnitemporelle (dans le sens où elle touche tous les instants de la vie) ; omnidimensionnelle (elle touche toutes les facettes de la vie) et elle est organisée en système (c’est-à-dire que ses composantes s’interpénètrent). On considère aujourd’hui en Belgique – mais cela n’a pas été toujours aussi clairement démarqué – que l’éducation permanente recouvre plusieurs dimensions : l’éducation tout au long de la vie (qui participe à l’intégration de l’individu dans la société et qui lui permet de s’adapter aux changements qu’on lui impose) ; la formation permanente (qui s’attache à adapter le travailleur aux évolutions du marché du travail et des technologies) ; l’éducation non formelle ou non institutionnalisée (qui, en dehors du cadre scolaire, considère l’individu comme le premier acteur de son émancipation culturelle et de son éducation) ; la promotion socioculturelle des travailleurs (qui permet à tout travailleur de surmonter dans une certaine mesure le cloisonnement social par la formation). » » » »nalyses de l’IHOES Une définition qui se cherche ?rmation de la société l’hommevert de tendancesrentes dimensions catégorie

L’idée d’éducation permanente s’est construite progressivement depuis la fin du XVIIIe siècle. Si les origines lointaines de l’éducation tout au long de la vie peuvent être trouvées dans la pensée de Condorcet, l’éducation permanente telle qu’on la comprend en Belgique francophone – se référant à une dimension citoyenne et culturelle – provient d’un double héritage plus proche : l’éducation populaire et d’un certain nombre de réflexions sociologiques initiées après 1945 sur le temps de loisirs et sur le présupposé d’une adaptation de plus en plus difficile de l’homme à l’évolution de la société.

Le principe d’éducation permanente s’est diffusé en Belgique à la fin des années 50’ après une première phase de développement conceptuel en France. En 1955, les termes « éducation permanente » sont en effet utilisés pour la première fois par Pierre Arents, alors inspecteur général de l’éducation populaire et membre de la Ligue française de l’enseignement, dans un avant-projet de loi sur l’éducation nationale. Promu par un certain nombre d’associations françaises (la Ligue française de l’enseignement fut la première à s’approprier l’idée), le concept est rapidement récupéré en Belgique par des groupes idéologiques et des intellectuels. Les associations d’éducation populaire belges s’approprient notamment une vision de l’idée permettant tout particulièrement l’expression et la transmission de leurs valeurs respectives. Pour ces dernières, mais également pour quelques intellectuels, les principaux objectifs de l’éducation permanente sont désormais le développement culturel et la formation critique à la citoyenneté. Cette vision générale connaît en Belgique un engouement particulièrement fécond, car elle rejoint et poursuit une réalité législative préexistante (loi du 5 septembre 1921 sur l’octroi de subsides aux œuvres complémentaires de l’école) qui avait confirmé un certain nombre de principes fondateurs de notre politique culturelle : principe de subsidiarité associative ; lien entre le monde scolaire et l’associatif ; démocratisation de la culture. L’encadrement institutionnel ultérieur des mouvements et organismes d’éducation permanente (A.R. du 16 juillet 1971- A.R. du 8 avril 1976- décret du 17 juillet 2003) se développera à partir de ce terreau idéologique et en adéquation avec une réalité sociale (société civile pilarisée, politique culturelle non autonome) et communautaire particulièrement prégnante.