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La prolongation de l’obligation scolaire (1983)

La prolongation de l’obligation scolaire (1983)

(octobre 1983)

En Belgique, la première loi sur l’obligation scolaire date de 1914. Elle concerne alors tous les enfants âgés de 6 à 14 ans en mesure de suivre les cours ordinaires. Au cours du XXe siècle, des projets de prolongation sont avancés périodiquement par des réformateurs scolaires ou des représentants politiques, mais il faut toutefois attendre la loi du 29 juin 1983 pour que la fin de l’obligation scolaire soit avancée à 18 ans. Le nouveau cadre légal précise à partir de ce moment l’existence de deux temps particuliers d’obligation : à temps plein de 6 à 16 ans, dans l’esprit de la loi de 1914, elle devient à temps partiel au cours des dernières années de secondaire. Pensée dans un contexte de crise économique (deuxième choc pétrolier) et de rationalisation de l’enseignement, l’obligation à temps partiel fut proposée par un ministère libéral (André Bertouille, ministre de 1983 à 1985) afin de résorber le chômage galopant qui touchait principalement les jeunes peu qualifiés en favorisant la formation en alternance à partir de 16 ans. La loi confirme de fait un retour en grâce des milieux économiques dans l’école. La logique du temps partiel se construit dès lors autour de nouvelles structures de formation – les CEHR (Centre d’Enseignement à Horaire Réduit), puis CEFA (Centre d’Éducation et de Formation en Alternance) ou tout organisme de formation reconnu par la Communauté française – qui garantissent une formule joignant formation professionnelle ou générale et incursion dans la vie professionnelle. Les résultats de la réforme se montrent toutefois rapidement décevants. En dépit de l’existence de nouvelles offres de formation, la prolongation de la scolarité obligatoire n’a pas permis de résorber le chômage et a contribué à renforcer l’image négative de la filière professionnelle. De surcroît, s’il est possible d’observer depuis lors une massification de l’enseignement, de nombreux observateurs se gardent de la considérer comme preuve d’émancipation sociale. Bien qu’il n’y ait jamais eu autant d’élèves dans l’enseignement supérieur universitaire et non universitaire, les jeunes issus des couches les plus défavorisées de la population demeurent, à tous les niveaux du système scolaire, les victimes de mécanismes de ségrégation.