
La création de la Ligue internationale de l’enseignement, de l’éducation et de la culture populaire
La Ligue internationale de l’enseignement est fondée à l’initiative de Jean Macé en 1889 lors d’un « Congrès international des œuvres de l’instruction populaire ». L’article 1 de ses statuts provisoires donne à l’association la mission « d’établir un lien de confraternité universelle entre ceux qui se dévouent, dans tous les pays, à la cause de l’instruction populaire, de leur constituer un centre de relations amicales et d’aide mutuelle, fondées sur la communauté d’aspirations et d’efforts ». Elle ne connaît cependant aucune réalisation pratique jusqu’en 1957. En effet, les ambitions de la Ligue internationale sont confrontées durant des décennies à des obstacles conséquents : diversité des expressions « laïques « dans le monde – parfois inconciliables –, faiblesse de l’assise associative voir répression dans certains pays, travail bicéphale de défense de l’école publique et de promotion de l’éducation populaire, communication difficile entre les nations et les continents, mobilité limitée des hommes, moyen financier modeste… Après les tumultes de la guerre, l’association est toutefois refondée en Europe par l’association des ligues de l’enseignement les plus dynamiques du continent : la ligue française, belge, néerlandaise, luxembourgeoise, espagnole et italienne. Son article 1 stipule désormais que la Ligue internationale a pour objet « d’aider et de défendre l’école publique fondée sur le respect de la liberté de conscience, le principe du libre examen et l’idéal démocratique et d’aider à la création, au développement et au progrès des institutions et des œuvres d’enseignement, d’éducation et de culture qui poursuivent le même idéal ». Elle proclame également partager totalement du point de vue philosophique les principes des Nations Unies issus de la Charte de l’Atlantique. Elle entend par là : le maintien de la paix par la collaboration des peuples ; la sauvegarde de l’idéal démocratique, de dignité, d’égalité et de respect de la personne humaine ; la lutte contre le racisme. Dans la pratique, la Ligue internationale se fixe trois missions :
- l’information permanente relative à toutes questions rentrant dans le cadre de l’article 1 de ses statuts ;
- la collaboration entre les associations membres en vue de propager au niveau mondial l’émancipation intellectuelle et morale de l’Homme ;
- favoriser la paix entre les peuples et encourager les liens d’amitié entre les jeunesses des différents pays.
L’association connaît durant sa première décennie d’activité une période d’expansion et d’attrait international. Elle rallie annuellement entre deux et trois nouvelles associations nationales ; en 1966 elle fédère ainsi 23 associations nationales réparties sur trois continents. Parce qu’elle regroupe des associations aux buts parfois très différents ou multiformes, son activité en faveur de l’école publique s’adapte difficilement aux réalités nationales. La définition d’une « laïcité mondiale » demeurera pendant longtemps son principal axe de travail en la matière. Son action culturelle a également évolué en fonction des réalités nationales voir continentales. Elle soutient ou initie en Afrique des projets relevant strictement de l’éducation populaire alors qu’elle se concentre plus spécifiquement sur l’éducation permanente – principalement au niveau théorique – en Europe. Dans le paysage international, il existe par ailleurs un ensemble d’associations œuvrant déjà en faveur de ces problématiques avec, dans la plupart des cas, une situation plus structurée et plus efficiente, car moins hétérogène. La Ligue internationale se positionne toutefois au cours des années 60’ et 70’ comme une des seules et des plus importantes organisations ouvertement laïques dans ce paysage associatif. Cette représentation se marque surtout au niveau de l’U.N.E.S.C.O. – dont elle obtient le statut consultatif en 1964 – et du Conseil de l’Europe dans ses institutions dirigées vers la jeunesse. La Ligue internationale a traversé de nombreuses crises structurelles et identitaires depuis sa refondation, mais elle continue aujourd’hui à promouvoir ses valeurs à travers le globe et à représenter une certaine forme « d’idéal laïque universel ».